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l'incroyable histoire d'un voilier à 1€ (partie 2)


Voilier, restauration, préparation tour du monde
Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré.

Nous voilà donc propriétaire d'un joli voilier qui a besoin de beaucoup d'attention ! Les travaux c'est longs , c'est coûteux, et cela n'est pas toujours fun, je vais donc vous résumer 2 ans de travaux en quelques lignes.


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré.


Juillet et Aout 2020

Notre voilier a été abandonné à terre pendant environ 15 à 20 ans et ce à moitié ouvert, sous la pluie, le vent, le soleil et les grosses chaleurs d'été dans le sud de la France. Bref il est sale pour ne pas dire qui est carrément très « crade » ! Il nous faudra 2 mois complets pour laver l'intérieur et l'extérieur. Mais les bonnes surprises commencent et nous constatons que sous la crasse il y a un voilier en très bon état. Juste quelques fuites au hublot par-ci, par- là, mais rien de fondamentalement grave. Les bois sont pour la plupart en super état, les vernis même s'ils ne sont pas à notre goût sont magnifiques. Le plus surprenant ce sont les tissus, housses, rideaux et coussins qui après un bon lavage sont comme neufs ! Encore une fois ce n'est pas vraiment tout à notre goût mais il faut savoir reconnaître qu'ils savaient construire à l'époque !


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré.


En septembre 2020 un gros souci se profile. Canquin, mon ancien voilier ,est toujours en Martinique et j'ai besoin de le vendre pour financer une partie des travaux sur notre nouveau bébé. Impossible de le ramener à cause de la saison cyclonique. Je vais devoir le vendre sur place ! Il est possible maintenant de se déplacer jusqu'en Martinique en avion malgré le Covid et ses restrictions. Je passe une annonce et rapidement je trouve acquéreur. Nous partons en Martinique pour préparer Canquin pour son nouveau propriétaire et surtout lui dire adieu ! Ce voilier est une part de nous- mêmes et le vendre est un réel déchirement malgré l'achat de notre nouveau bateau. J'ai vécu des choses très fortes avec Canquin. A son bord j'ai traversé l'Atlantique en solitaire, essuyé du mauvais temps, mais surtout fait beaucoup de merveilleuses navigations, seul ou avec Stéphanie. Pour Stéphanie c'est aussi très difficile : malgré des débuts difficiles avec Canquin elle s'est attaché a lui. Ce qu'elle a vécu à bord de Canquin lui a insufflé la passion du voyage et de la vie en voilier.


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde

Mais c'est à notre retour de Martinique qu'arrive un drame, ou plutôt une énorme bêtise de ma part ! Fatigué du voyage, triste de ne plus avoir Canquin dans nos vies, j'ai la tête ailleurs et cela va me coûter cher, très cher ! Gérard, mon beau père, me dépose à la gare pour que je rentre chez moi. Je ne me sépare jamais de mon précieux sac photo où je range tous les boîtiers photos, mais aussi mon ordinateur, mes disques durs, et beaucoup d’accessoires comme mon drone et des filtres... Je monte dans le train, je me rends compte qu'il y a un souci sur ma réservation et mon siège, je pose mes affaires sur "mon siège" et je vais juste à la porte du wagon pour parler avec un contrôleur... La suite vous l'avez déjà comprise... À mon retour, 40 secondes plus tard, plus de sac photo, plus de portefeuille, plus de clés d'appartement, plus rien ! Il y en a pour une fortune. Je ne panique pas et vais porter plainte au commissariat après avoir fait opposition sur mes cartes bancaires. Je contacte mon assureur qui se veut rassurant. Je ne récupérai pas toute la valeur de mon matériel mais de quoi sauver les meubles.


Quelques heures plus tard mon assureur me rappelle... " je suis désolé monsieur Platon, votre garantie ne fonctionne pas dans les transports en commun." (NTM...!)


Pour vendre Canquin rapidement je l'avais mis à un prix relativement bas et cela avait très bien fonctionné. Mais je dois maintenant racheter la presque totalité de mon matériel photo, l'addition est très salée....


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde


Une fois cette déconvenue digérée il est temps d'aller de l'avant et de trouver des solutions pour financer notre nouvelle quille. C'est Serge le père de notre ami Benoît qui me proposa une idée originale et économique : "construit la toi- même !" Bah j'y avais pas pensé... Après un peu plus d'explications techniques de la part de Serge il me semple tout à fait sensé de construire notre quille nous- mêmes. Ce sera en fait un grand puzzle que nous assemblerons et nous remplirons de plomb, 4 tonnes de plomb pour être exact.


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde

Les mois s'enchaînent et depuis l'automne je vis quasiment à temps plein sur ORIYO pour éviter de faire les trajets entre La Ciotat et Port- Saint- Louis du Rhône. Je finis même par trouver du travail sur place grâce encore une fois à Benoît qui est au petit soin avec moi. Il m'apprend, me guide, m'explique, fait preuve de patience et de pédagogie. Il me fournit un travail, un véhicule et un atelier où travailler. C'est un garçon extraordinaire, doté d'une immense générosité, je ne pourrai jamais assez le remercier.


Je reviendrai dans des épisodes techniques sur les différentes phases des travaux.


JJours après jours, mois après mois je démonte beaucoup de choses sur Oriyo, je les répare et je les remonte. Pendant plus d'un an le voilier est sans son mât, sans son moteur, sans sa quille et sans son safran. C'est devenu une coque posée sur des bers.


L'hiver il fait très froid, l'été il fait très chaud et vivre sur un chantier n'est pas toujours une chose facile. Stéphanie me rejoint presque tous les week-end pour m'aider et souvent essayer de m'extirper du chantier pour que je me change les idées. Mais je suis fait de cet acharnement et de cette passion qui me permettent de tenir dans le temps tant que ça avance.


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde

Mais être ici est essentiel. Au bout de quelques temps je connais beaucoup de gens, je peux faire de bonnes affaires, troquer et récupérer des matériaux que les autres jettent. Je développe un petit côté chat de gouttière ce qui me permet de faire de grandes économies. Puis les gens s'intéressent à notre projet. On nous demande souvent dans combien d'années nous finirons les travaux, ce à quoi je réponds toujours la même chose :" nous partirons en mer, direction Gibraltar avant la fin de l'été 2022". Beaucoup d'étonnement, beaucoup de sourires en coin, mais cela ne fait que renforcer mon acharnement à travailler sur ORIYO. Je me sens bien à bord et très rapidement cela devient ma nouvelle maison.


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde




Le réseau que je me suis constitué sur place me permet de faire l'acquisition de 4 tonnes de plomb à moins de 300 mètres d' ORIYO, à un prix plus qu'abordable. Idem pour le moteur, j'en trouve un pour la somme dérisoire de 2000 euros, moteur neuf ! C'est le même que celui en place actuellement sauf que celui- là devait être sur une pompe à eau. Pour que les néophytes comprennent bien : sont installés dans nos voiliers des moteurs issus soit du monde agricole soit du monde industriel. Les blocs moteurs permettent plusieurs types d'applications. Sur ORIYO nous avons un moteur Perkins Prima 50cv. Ce type de bloc moteur pouvait être également sur des groupes électrogènes des pompes à eau industrielles, être posés dans des voitures comme les Rover par exemple. Nous devons faire appel à notre mécanicien qui aura pour mission de le "mariniser" pour l'adapter à un usage marin et l'installer à l'intérieur d'ORIYO.


Durant cette période de travaux je rencontre beaucoup de monde, ma vie sociale est bien remplie. Il y a avec les restrictions du COVID comme un vent de liberté qui souffle sur le chantier et je trouve que la vie est plus facile ici que nul part ailleurs.


Je suis souvent sollicité pour intervenir sur différents voiliers ou catamarans en cours de préparation pour de grands voyages. C'est à ce moment là que je prends plus conscience que beaucoup de personnes se lancent dans des aventures nautiques sans aucune expérience.


Beaucoup malheureusement échouent tant il est parfois compliqué de préparer un bateau et un changement de vie en même temps. Beaucoup d'entre eux ne sont pas prêts et n'ont pas suffisamment de connaissances du monde de la mer et des bateaux. Beaucoup de rêves, beaucoup d'argent dépensé pour finalement aller en Corse, revenir et revendre le bateau plutôt que de faire le tour du monde. Cela m'attriste souvent de voir tous ces rêves s'écrouler. J'essaye à mon échelle d'aider, de soutenir et d'aiguiller. Si je n'avais pas eu mon expérience avec Canquin je me serais aussi inquiété pour moi- même. Mais j'ai la chance d'avoir derrière mois de nombreuses années d'expérience qui me permettent de garder la tête froide.


Démâtage d'un voilier à sec à Port Navy Service - Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde

Durant la préparation d' Oriyo je travaille quasiment tous les jours sur le chantier. C'est une règle que je me suis fixée. Que ce soit 20 minutes ou des journées de 15 heures comme à la fin avant la mise à l'eau, je travaille tous les jours. Il y a le choix concernant les tâches à effectuer, il y aussi les recherches de pièces détachées, les solutions techniques à trouver. Je passe des heures à travailler devant un écran d'ordinateur.


Nous devons aussi faire face au problème d'approvisionnement pour les éléments électroniques de bord. Pilote automatique, sondeur, anémomètre... Le Covid a mis la pagaille et il est presque impossible de se fournir. Encore une fois, le réseau que je me suis créé m'a apporté des solutions. Nous avons réussi à équiper ORIYO comme il se doit en électronique.


Un été passe, un hiver passe puis cela recommence. Les travaux avancent mais je suis en retard. Il va falloir trouver des solutions. Nous sommes en février, la quille est finie, mais encore posée devant le bateau au lieu d'être accrochée sous le bateau, le moteur n'est pas fini d'être adapté, le mât toujours posé à côté d' ORIYO et je travaille pendant des heures sur le safran posé lui aussi à coté. Les semaines sont trop courtes ! Mais le courage est notre allié alors à grand coup de journée de 15 heures et une très bonne organisation nous parvenons à dégager du temps. Stéphanie a terminé sa mission sur la base navale de Toulon et me rejoint de plus en plus souvent. Elle est méthodique et travaille sur beaucoup de domaines différents. Mais il nous faut un turbot mental supplémentaire ! Un matin alors que, nous marchons sur le parc nous décidons de fixer une date pour la mise à l'eau ! Le 4 juillet 2022 à 13h30... Les semaines suivantes furent à la limite de la perfection. Levés tôt, café et au travail. C'est surtout une motivation sans faille qui nous anime. Nous avons déjà l'expérience de la préparation de Canquin et cela nous aide beaucoup pour travailler au moment ou les autres peuvent se décourager.


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde - Valéry PLATON


La quille et le safran sont posés le même jour. Idem pour le moteur et le mât posés durant la même journée également. Le jour on pose des éléments importants du bateau et la nuit nous faisons les finitions : branchement électrique de tous les feux dans le mât, pose des voiles et beaucoup de choses encore. Après quelques courtes heures de sommeil nous reprenons le travail, le seul fait de voire ce joli voilier reprendre vie est une satisfaction énorme. Nous nous reposerons plus tard !


Un voilier à 1€ euro qui devait être détruit mais qui sera restauré pour faire le tour du monde


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