Après deux ans de travaux internes et des essais en mer durant plus de deux mois nous avons quitté les côtes Françaises en direction de l'Espagne où nous allons passer un long moment. Notre première étape est Port-de-la Selva juste au-dessous de la Frontière Français. C'est une navigation de 24 heures à travers le Golfe du Lion. Le Golfe du Lion est un lieu à traiter avec prudence car la Tramontane peut être vraiment forte à cet endroit de la Méditerranée.
Stéphanie va passer ses premières 24 heures en mer. Même si elle a déjà beaucoup navigué notamment sur Canquin, elle n'a encore jamais dépassé les 12 ou 15 heures de navigation. Je pense attendre une fenêtre météo confortable pour que ce moment reste inoubliable pour elle. Et oui, ce moment sera un succès ! Après l'émotion du départ dans un décor digne d'un film nous glissons en direction de l'Espagne. La météo est parfaite, mer plate, vent léger, Oriyo avance pourtant à une bonne vitesse. La nuit arrive et la lune avec elle. Les étoiles, malgré la lumière intense de la lune, sont bien visibles.
Pour moi aussi c'est presque une première... Je suis habitué depuis si longtemps à naviguer en solitaire que d'avoir quelqu'un à bord qui peut réaliser des quarts est d'un confort fantastique ! Mais pour cette première navigation au large et de nuit je ne dors pas car je suis attentif aux réactions d'Oriyo. Deuxième partie de nuit le vent se lève un peu à plus de 20 puis 25 nœuds par le travers puis largue, Oriyo avance très bien avec cette force de vent. Nous sommes maintenant en configuration de voyage et le bateau est lourd, chargé de nos affaires personnelles, d'outillage, de pièces de rechange, de vivres et d'eau. Mais malgré cet embonpoint Oriyo file à plus de 7 nœuds de moyenne.
Je veux arriver de jour afin de pourvoir mouiller plus facilement dans la petite baie de Port- de- La Selva. Mais j'ai beau réduire les voiles la vitesse est là ! Ce n'est pas grave j'ai l'habitude d'arriver de nuit dans des lieux inconnus.
Cette première escale est l'une des plus belles ! Nous sommes juste derrière la frontière Française mais le dépaysement d'être déjà dans un pays étranger nous exalte. C'est pourtant une escale connue par les plaisanciers français de Perpignan et des alentours mais pour nous c'est une première. Après quelques jours passés ici nous levons l'ancre car bientôt un coup de vent déferlera sur cette anse pourtant si calme par vent de sud.
Direction Barcelone... Nous aimons cette ville que nous connaissons déjà mais y arriver par la mer et sur notre propre bateau est une grande satisfaction. Nous prenons nos quartiers au Port Olympic qui reste sûrement l'un des meilleurs compromis car les prix des marinas sont importants.
8 jours plus tard nous quittons Barcelone pour nous diriger vers les Baléares et l’île d'Ibiza. La traversée se passe bien malgré un départ plutôt tonique et de grands calmes sur la fin. Nous n'étions pas vraiment convaincus par cette destination à cette période de l'année. Et effectivement tout ne se passera pas vraiment bien. Ibiza est une île merveilleuse, mais nous sommes encore en pleine saison en ce mois de septembre et il y a énormément de bateaux. Les ports sont encombrés et hors de prix. Le vent, et donc la houle changent en moyenne de sens toutes les 8 à 12 heures ce qui a pour conséquence de rendre tous les mouillages de l’île exposés et inconfortables. Ce n'est pas toujours ainsi, nous avons juste joué de malchance.
Après un court séjour à Ibiza nous rejoignons le continent au port de la jolie petite ville de Morïara. Un coup cœur sans aucun doute ! L'ambiance est au repos et à la tranquillité. Nous sommes sur un petit nuage dans cette marina qui sait accueillir les plaisanciers. Mais il faut avancer et après plusieurs jours passés ici nous nous dirigeons plus vers le sud pour visiter la ville d'Alicante, puis Carthagène. A Chaque escale nous visitons et essayons de profiter au maximum. Je surveille de près Oriyo et m'assure que tout va bien pour lui. «Check»du moteur, du gréement, des voiles, rien n'est laissé de côté.
Il y a des moments parfois difficiles notamment cette année avec beaucoup d'orages ; mais ce sont les aléas des voyages à la voile. Le temps est devenu facultatif et chaque semaine dure un mois tant nous profitons, tant le dépaysement et le plaisir de voyager et naviguer est là !
Un grand virage s'annonce avec l'arrivée en Mer d'Alborant au sud de Carthagène. C'est notre dernière ligne droite avant l'arrivée tant attendue à Gibraltar. Arriver à Gibraltar... il est temps pour deux choses ; de nouveau un grand « check » d'Oriyo mais surtout profiter de ce lieu si atypique que nous aimons tant ! Cela remonte à 2017 et 2018 lorsque que je suis parti avec mon ancien voilier Canquin. Je suis resté coincé pour des raisons techniques et météo un très long moment à Gibraltar. Stéphanie est venue me rendre visite et nous avons visité ensemble cette partie de l'Espagne ainsi que le rocher de Gibraltar qui n'est rien de plus qu'une enclave Britannique aux portes de l'Atlantique !
Je ne saurais pas expliquer pourquoi j'aime cet endroit étrange où tout est imparfait. Pour moi c'est un sasse entre deux mondes, entre une mer et un océan. Un lieu chargé d'histoire navale et de grandes batailles. Depuis La Linéa de la Conception où nous sommes amarrés au port il est possible de rayonner à moins d'une journée de voiture sur plusieurs villes comme Tarifa et Cadix.
Pendant 3 semaines nous profitons et préparons Oriyo pour le grand bain. Mais avant le grand bain il y a le passage du détroit de Gibraltar. Ce n'est pas la première fois pour moi, c'est en fait la 5em fois, mais cette fois il y a une nouveauté. Les orques, depuis l'été 2020, se rapprochent des voiliers pour "interagir" avec eux... en gros, pour des raisons encore floues pour les scientifiques les orques viennent casser les safrans des voiliers pour les immobiliser.
Il y a eu des dizaines d'attaques (oups... interactions...) depuis 2020 et un site internet a été créé pour répertorier les lieux où ont eu lieu les interactions. En observant la carte on remarque tout de suite qu'il n'y pas d'attaque sur les côtes Marocaines qui longent le détroit de Gibraltar. C'est donc par cette voie que nous traverserons en directions de Tanger, notre prochaine escale.
Le détroit et les orques derrière nous, nous profitons de cette nouvelle escale qui n'était pas prévue au programme. Et là encore c'est un coup de cœur ! Tanger est une grande ville loin du tourisme de masse. Nous profitons de la vieille médina et passons notre temps à regarder la météo pour choisir une bonne fenêtre pour descendre aux Canaries.
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