Après une traversée de la Méditerranée pendant un peu plus de deux mois nous quittons Tanger en direction des Îles Canaries qui sera notre prochaine très grande escale. Nous aimons passionnément cet archipel qui a tant à offrir en termes de diversité de paysages et de navigation. Nous rêvons depuis longtemps de passer au moins un an sur cet archipel que nous voulons explorer de long en large... et en travers. Pour beaucoup de plaisanciers c'est la grande course vers l'ouest et notamment vers les Antilles, les Canaries restent malheureusement qu'une escale technique et d'avitaillement.
Nous quittons le port de Tanger dans la matinée. Au programme 24 heures pas forcément évidentes... Dans un premier temps il faut rejoindre Cap Spartel qui marque la sortie du détroit de Gibraltar avant de mettre le clignotant à gauche et se jeter dans les alizés Portugais. Les premiers milles se font face à un vent relativement fort et au moteur. Hors de question de tirer des bords et de remonter dans le détroit car le risque de faire la mauvaise rencontre avec des orques est présent.
Une fois sortis du détroit nous rencontrons un vent toujours aussi soutenu avec la mer qui va avec. Nous sommes prés/bon plein avec 25 nœuds de vent. Oriyo file et fait des pointes à plus de 7,5 nœuds. Ça bouge, ça tape un peu, ça mouille pas mal, et surtout il ne fait pas chaud en cette fin de mois de novembre.
Stéphanie n'avait jamais eu le mal de mer et malheureusement c'est chose faite ! Le ventre noué dû à un peu d'angoisse avant de se jeter dans sa plus grande navigation elle aura pourtant été courageuse. Avant la tombée de la nuit elle n'est vraiment pas bien, je lui propose de faire demi-tour avant la bascule de vent. Elle refuse et s'accroche à sa solide envie de descendre aux Canaries. La nuit tombe, Stéphanie va un peu mieux, bien calée dans le carré avec beaucoup de coussins. Pour moi c'est comme qui dirait la routine... Ce n'est pas ma première sortie du détroit en "solitaire".
Je sais depuis le départ de Tanger que je ne dormirai pas une minute. Il y a un trafic important de cargos dans cette zone. Mais surtout à la tombée de la nuit il y une quantité importante de pêcheurs Marocains. Il est bien de s'être éloignés de la côte d'au moins 50 milles nautiques pour se mettre à bonne distance des pêcheurs et de leurs filets parfois dérivants...
Au petit matin comme prévu le vent se calme et même un peu trop... Nous le savions et avions accepté de faire un peu de moteur le deuxième jour afin de partir sur cette fenêtre météo qui ensuite serait normalement une grande glissade vers l’île de la Graciosa. La journée se passe lentement dans le décor d'une mer fabuleusement belle. Stéphanie va mieux, Oriyo avance bien, le vent recommence à rentrer pour notre deuxième nuit.
Les jours suivants sont à la hauteur de nos espérances côté météo. Je tangone le génois, déplie la grand-voile à l'opposé et c'est avec les voiles en ciseaux que nous naviguerons jusqu'à l'arrivée. Un rythme s'installe et rapidement nous vivons en mer.
Pour finir cette navigation nous arrivons de jour sous une lumière extraordinaire sur le nord de l'archipel des Canaries. Une arrivée encore une fois à la hauteur de nos rêves de voyageurs à la voile. L’île de la Graciosa est là comme pour nous souhaiter la bienvenue.
Nous jetons l'ancre dans l'anse de Playa Francesca, et même s'il y a un peu de monde je suis si heureux de pouvoir souhaiter un joyeux anniversaire à Stéphanie, ici aux Canaries. Un lieu qu'elle aime tant, qui compte tant pour elle. Cela peut paraître désuet mais arriver ici est pour nous plus qu'une simple navigation de 4 jours, c'est plusieurs années de travail et de sacrifices. Nous allons pouvoir maintenant partager avec vous toutes nos aventures ici aux Canaries.
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